L’équipe de ProPopulus
Est-il possible de continuer à innover dans l’industrie du bois ? Juan Picos, professeur et chercheur à l’Université de Vigo, ne mâche pas ses mots : oui, c’est possible.
La conférence, organisée par ProPopulus et parrainée par ING Espagne, à Madrid en juin dernier, pour souligner la contribution du secteur forestier à la bioéconomie et à l’atténuation du changement climatique, a réuni pendant une matinée des experts européens de toute la chaîne forestière.

Juan Picos, l’un des experts témoins lors de la conférence a expliqué que « nous sommes dans un monde liquide qui devrait nous aider à changer les mentalités et notre façon d’aborder les secteurs économiques et en particulier, le secteur forestier».
Pour M. Picos, les secteurs économiques doivent être considérés comme des systèmes de processus et l’innovation ne concerne pas seulement les produits mais aussi les processus et les modèles d’entreprise.
Il a expliqué que dans le secteur forestier, « nous devons assumer le rôle d’aider les autres, les secteurs plus intenses en termes d’émission de carbone, à réduire leur empreinte carbone ».
Pour cela, d’innombrables matériaux sont développés à partir du bois qui peuvent remplacer des matières premières polluantes et non renouvelables ; par exemple : le bois liquide pour imprimer du bois transparent en 3D, les fibres du bois qui peuvent entrer dans la production textile, les produits bois « d’ingénierie » adaptés aux besoins de l’industrie de la construction.
Construire l’avenir avec le bois
Julen Pérez, associé principal du studio d’architecture Waugh Thistleton Architects Ltd., axé sur l’architecture durable et qui a réalisé divers projets de construction avec du bois et notamment du CLT, a confirmé que « le bois est une excellente alternative à d’autres matériaux plus polluants ».
Pour M. Pérez, le bois « aide sur deux fronts » : d’une part il est renouvelable, et d’autre part, il préserve la surface forestière et sa fonction de « puits de carbone ».
Il a expliqué que l’architecture a un rôle important à jouer dans l’atténuation du changement climatique. En adoptant des produits bois dans leurs projets, l’architecture et le secteur de la construction contribuent non seulement à prolonger le stockage du carbone dans le bois, mais évitent également une bonne partie des émissions générées par la fabrication d’autres matériaux ou produits de construction tel que le béton par exemple (effet de substitution).
En outre, a souligné M. Pérez, un projet architectural qui utilise le bois permet non seulement de stocker le carbone, mais étant plus léger et parfaitement adapté à la préfabrication, il permet une mise en œuvre plus rapide, mois consommatrice en eau et énergie et moins génératrice de déchets.
Fibres de bois sur les passerelles
Pour sa part, la créatrice de mode durable María Lafuente a souligné que, dans le domaine de la mode, le défi consiste à lancer un message « pas seulement esthétique ». Pour elle, la mode durable est un hymne à la vie et son objectif est « de réaliser de nouveaux défis et de trouver de nouveaux matériaux, ainsi que des alliances avec des personnes qui partagent les mêmes vues ».

Sa dernière collection automne-hiver 2023, qui a été présentée en janvier dernier dans le cadre de la Mercedes Benz Fashion Week Madrid, s’appelle Sukha. Cette collection intègre des tissus issus de fibres forestières, comme le tencel fabriqué par l’entreprise cantabrique Textil Santanderina, et qui disposent du certificat PEFC de gestion durable des forêts.
En résumé, le secteur doit relever le défi de continuer à innover, en s’adaptant aux besoins du futur, afin de remplir la mission de garantir l’approvisionnement en ressources renouvelables, durables et inépuisables si elles sont correctement gérées.